RÉSIDENCES ARTISTIQUES – RECHERCHES-CRÉATIONS DE TRANSFORMATIVE TERRITORIES

En explorant des problématiques de territoires dans un contexte de changement climatique et d’érosion de la biodiversité, les équipes de recherches-créations proposent des expérimentations et des solutions pour l’avenir basées sur l’émergence de Pratiques Artistiques Transformatrices (PAT). Ces recherches-créations visent à produire des savoirs situés et à engager des actions pérennes sur les territoires qui les accueillent. Dans le cadre des recherches-créations, des artistes sont accueillis en résidence aux seins des structures des 5 partenaires de TT, afin de développer leurs pratiques, de partager avec des scientifiques et de les présenter à différents publics.

LES RÉSIDENCES ARTISTIQUES – RECHERCHES-CRÉATIONS DE ZONE SENSIBLE

STÉPHANIE SAGOT

Stéphanie Sagot a achevé la première étape de son projet de cartographie de la tendresse et de la tension dans le cadre de la recherche-création de Zone Sensible en créant une carte de Tendre – Terre Amoureuse de Zone Sensible.

Au cours de sa résidence, Stéphanie Sagot a exploré l’espace de Zone Sensible afin de mettre en lumière la richesse et la générosité des pratiques engagées et solidaires qui s’y développent, à travers le prisme de la typographie de Zone Sensible. Elle rend ainsi hommage à cet espace, imprégné d’amour et de mutualité, situé dans une ville confrontée à des difficultés sociales et à la nécessité de repenser son urbanisme, en plein cœur d’un trafic automobile et aérien intense.

Le travail artistique de Stéphanie Sagot lie les territoires et les émotions, ainsi que la terre et la tendresse. Elle cherche à documenter la réalité à travers une série d’histoires d’amour ancrées dans des lieux spécifiques. Ces récits témoignent de l’engagement des personnes qui cultivent une esthétique du soin pour tous les vivants.

Son projet s’inspire d’un sens ancien du mot “amour”, qui désignait la terre fertile vers l’an 1200. En 1805, l’expression Terre amoureuse est apparue en agriculture, pour désigner une terre bien travaillée et fertile, mais a disparu des dictionnaires en 1928, juste au moment où l’agriculture intensive commençait à se développer. Pour l’artiste, Terre amoureuse est devenue un concept pour penser la création comme une écologie politique, évoquant un monde en transformation, fertile et façonné par les émotions. Voyager, rencontrer et cartographier deviennent ainsi une invitation à s’ouvrir au monde et à établir des relations porteuses de sens.

La Carte de Tendre – Terre Amoureuse de Zone Sensible de Stéphanie Sagot, développée avec Enoki, s’inspire également de leur travail réalisé en 2022-2023. À travers un jeu de société, ils ont imaginé des pratiques alimentaires renouvelées dans un monde post-supermarché, encourageant une intelligence collective reliant alliances interspécifiques et solidarité humaine, notamment à travers l’introduction de la Social Food Security.

Stéphanie Sagot poursuit son projet Cartographier Tendresses et Tensions en résidence dans le second espace du Parti Poétique, Regains. Dans cette seconde phase du projet, Stéphanie va explorer la Camargue pour cartographier les tendresses et tensions qui y existent, des légendes médiévales autour du parcours de Marie Madeleine aux Saintes-Maries-de-la-Mer à la fragilité des écosystèmes marins et salins, ainsi qu’aux pratiques et luttes des agriculteurs.

CAROLINE LEMÉHAUTÉ

De janvier à septembre 2024, Caroline le Méhauté, lauréate de la mention Transformative Territories du Prix COAL 2024, a mené une résidence artistique au Parti Poétique intitulée Soigner la terre. Elle a invité les habitant·es de Saint-Denis à explorer leur relation à la terre à travers des ateliers participatifs, aboutissant à la création d’une sculpture sous la forme d’une ruine circulaire.

Au fil de ce projet, elle interrogeait notre rapport à la terre, cherchant à comprendre comment prendre soin de ce qui est enfoui et nous nourrit. Elle étudiait la terre à la fois comme matériau de construction et comme élément essentiel de la biodiversité, rappelant notamment qu’elle abrite un quart des organismes vivants.

Ancrée à Saint-Denis, où les sols témoignent des transformations urbaines et agricoles, cette résidence a exploré la possibilité d’intégrer la terre dans les pratiques architecturales contemporaines. Caroline le Méhauté a travaillé en étroite collaboration avec les habitant·es, les impliquant dans des ateliers participatifs pour partager les savoirs et construire une œuvre collective.

L’aboutissement de ce projet est une sculpture expérimentale sous la forme d’une ruine circulaire, érigée dans le champ de Zone Sensible. Les briques qui la composent contiennent des graines de plantes capables de dépolluer les sols. Au contact de l’eau, elles se désagrègent, libérant ainsi les graines.

LES RÉSIDENCES ARTISTIQUES – RECHERCHES-CRÉATIONS D’ARTMILL

FUAD ALYMANI

L’artiste palestinien Fuad Alymani a achevé la première partie de sa résidence en juin, s’inspirant des espèces plus-qu’humaines qui entourent le site pour exprimer l’aspiration à la liberté de son peuple. Il a passé son temps dans les jardins à dessiner les plantes environnantes et les fragments de vie du Moulin.

« L’idée que les plantes poussent en toute liberté me captive, car j’espère qu’un jour mon peuple pourra vivre comme des fleurs, libres de croître et de prospérer en paix. »
Fuad Alymani

Il poursuivra la seconde partie de sa résidence lors de l’Assemblée Créative de ArtMill en aout 2025, afin de réaliser une fresque sur les murs de l’espace de résidence Houseboat, qui fait partie du site Inter-Species Refuge.

BARBARA BENISH

Dans le cadre du projet Transformative Territories d’ArtMill, l’artiste Barbara Benish est accueillie en résidence à ArtMill.

« Les Future Gardens d’ArtMill en République tchèque s’inscrivent dans l’initiative des Harrison, rejoignant d’autres jardins adoptant l’“attitude de Force Majeure” – conçus comme des expériences artistiques face au réchauffement climatique, une “proposition nationale pour la co-génération de l’agriculture, d’un sol fertile et de la biodiversité”. Les infrastructures et le site d’ArtMill offrent un paysage idéal – socialement, pédagogiquement et écologiquement – pour cultiver des idées sur une écologie résiliente du territoire, de l’eau et de la cohabitation. Peut-être que nous, créatures bipèdes, ne resterons pas, mais nous proposons assurément de réintroduire les bêtes à sabots sur ces terres, où elles ont parcouru les paysages pendant des millénaires avant que la destruction anthropique des forêts ne les en éloigne. »

Barbara Benish

LES RÉSIDENCES ARTISTIQUES – RECHERCHES-CRÉATIONS D’INLAND

MARTHA FELY

Martha Fely a achevé sa première période de résidence à Inland dans le cadre du programme Transformative Territories, marquant une étape significative dans son parcours artistique. Cette résidence lui a offert une précieuse opportunité de se familiariser avec le lieu, de tisser des liens avec l’équipe et de s’immerger dans le rythme de vie quotidien du village.

Au cours de son séjour, Martha a participé à plusieurs étapes du processus de fabrication du fromage, une activité essentielle de la communauté. Cette expérience immersive lui a permis de mieux comprendre les pratiques qui sont au cœur de l’identité d’Inland.

Au-delà de l’observation, la résidence a également été l’occasion pour Martha Fely de partager son propre savoir-faire avec l’équipe d’Inland, favorisant ainsi un échange de connaissances enrichissant. Cette approche collaborative a non seulement nourri son expérience de résidence, mais aussi renforcé le lien entre sa vision artistique et les traditions du village.

Le passage de Martha à Inland illustre avec force la manière dont les résidences artistiques peuvent créer des espaces d’apprentissage mutuel, d’échange culturel et d’inspiration créative, ouvrant ainsi la voie à de futures collaborations.

LES RÉSIDENCES ARTISTIQUES – RECHERCHES-CRÉATIONS DE TAVROS

YIANNIS PAPADOPOULOS

Dans le cadre de sa résidence artistique à Tavros, l’artiste grec Yiannis Papadopoulos – graveur dont le travail doit beaucoup à Katraki, après avoir longuement étudié sa pratique de la gravure et vivant dans les environs d’Aitoliko -, animera un atelier de quatre jours pour les étudiants en architecture de l’Université voisine de Patras, où il enseigne. Cet atelier sera centré sur les techniques de gravure, inscrivant ce paysage qui va bientôt disparaître dans nos esprits. Il s’agira de réfléchir à la manière de représenter des paysages qui se dissolvent lentement sous nos yeux. Les étudiants revitaliseront les ateliers de gravure et créeront une série d’affiches inspirées de l’environnement naturel et des espèces qui l’habitent, destinées à être utilisées dans les écoles locales et dans les espaces publics d’Aitoliko. Le projet sera réalisé en collaboration avec l’Agence de gestion de la lagune de Messolonghi-Aitoliko et sera accompagné de séances d’observation des oiseaux et de rencontres informatives avec des environnementalistes locaux et des pêcheurs.

Le travail de Yiannis s’inspire de son profond intérêt pour les sources classiques des arts et des sciences, leur impact sur la modernité et leur pertinence continue dans la compréhension contemporaine du monde. La diversité de ses références – de la géométrie et de la philosophie grecque au scolastique européenne et à l’Âge des Lumières – reflète la conscience historique de Yiannis et, à travers cela, son engagement à aborder certaines des questions culturelles et politiques les plus pertinentes qui définissent (et divisent) l’Europe d’aujourd’hui. Ses pratiques, qui puisent simultanément dans les traditions des arts de la scène et des arts plastiques, de la littérature et de la poésie, rendent son travail remarquable par ses qualités formelles épurées et son économie esthétique.

LES RÉSIDENCES ARTISTIQUES – RECHERCHES-CRÉATIONS DE ITM

KENIA DE AGUIAR RIBEIRO

Dans le cadre du projet Transformative Territories de ITM, l’artiste Kenia de Aguiar Ribeiro mène depuis octobre 2024 une résidence de photographie territoriale à l’Instituto Terra e Memória (ITM). Son défi est d’établir un lien entre la narration photographique des sites sacrés et la réalité des incendies qui ont marqué l’histoire de Mação.

La première étape du projet consistait en un inventaire photographique des sites considérés comme sacrés dans les huit paroisses qui composent la municipalité de Mação. Ce recensement a été réalisé en collaboration avec des chercheurs de l’Instituto Terra e Memória (ITM).

Sur la base de cette cartographie, l’artiste en résidence a entamé son travail de terrain, documentant les sites revêtant une importance spirituelle et culturelle pour les communautés locales. Parmi les lieux photographiés figurent des chapelles, des autels rustiques, des gravures rupestres, des monuments mégalithiques, d’anciens ponts, des croix votives, des bornes consacrées, ainsi que des éléments naturels tels que des ruisseaux et des formations géologiques remarquables.

L’objectif ultime de cette collection d’images est de créer une narration photographique reliant le caractère sacré de ces sites à la résilience et à la régénération du territoire après les incendies.

Les actions menées par l’artiste et celles des membres des communautés locales se rejoindront en un point de convergence, aboutissant à une exposition présentée lors du séminaire APHELEIA, un événement international majeur qui se tiendra début avril à Mação.

POUR EN SAVOIR PLUS SUR L’ÉVOLUTION DES RÉSIDENCES ARTISTIQUES DES RECHERCHES-CRÉATIONS, RENDEZ-VOUS SUR LE SITE TT.