Les lauréats de la mention Transformative Territories
Cinq artistes identifiés dans le cadre de l’appel à projets du Prix COAL 2024 sont invités dans les cinq lieux…
Publié le 13 mai 2018
Développé par l’artiste Thierry Boutonnier, les chercheurs Julie Le Gall, Olivier Hamant, Adrien Baysse-Lainé, les équipes du programme MARGUERITE, et une quinzaine de collèges principalement à Vaulx-en-Velin, la recherche-création Selfood / Sugar Killer explore les enjeux de l’alimentation durable dans la métropole lyonnaise. Cette recherche a été initiée et est pilotée par COAL et le LADYSS dans le cadre de la deuxième édition de notre Laboratoire de la culture durable La Table et le Territoire. Heureux lauréat d’une résidence au ThalieLab à Bruxelles et d’un soutien de la FNAGP, après avoir bénéficié en 2017 du soutien de la Fondation Carasso, Thierry Boutonnier et toute l’équipe s’attèlent à la réalisation de plusieurs rendez-vous autour de ce projet.
Dans le cadre du Laboratoire de la culture durable #2 La Table et le Territoire, l’artiste Thierry Boutonnier en étroite collaboration avec Julie Le Gall (enseignante-chercheure en géographie, ENS de Lyon, Laboratoire Environnement Ville Société) et en lien avec les chercheurs Olivier Hamant (INRA), et Adrien Baysse-Lainé (Lyon 2 / INRA), a lancé le projet Selfood / Sugar killer, une exploration collective du cycle alimentaire d’un territoire (de la production à la consommation) en s’interrogeant sur les différences entre la valeur perçue (culturelle), la valeur affichée (économique), la valeur sociale et la valeur écologique de l’alimentation, pour les produits cultivés et fabriqués et les produits consommés.
La question alimentaire a, en grande partie, dessiné et structuré nos territoires via les modes productifs alimentaires locaux, la question du terroir et les cultures vernaculaires. Les enjeux de l’alimentation, à l’échelle d’un territoire rassemble les habitants, les collectivités locales, les associations et les acteurs privés qui échangent, et construisent une culture, un comportement alimentaire qui devient non seulement une clé matérielle de leur impact sur le territoire, mais aussi une façon d’agir symbolique et puissante.
L’étude de la représentation culturelle de notre alimentation est en ce sens essentielle. Elle montre aujourd’hui un décalage entre une culture gastronomique de « terroir» et une réalité de production alimentaire déconnectée du territoire ; une alimentation de « plaisir » trop carnée, trop riche, génératrice de gâchis qui ne tient compte ni des cycles alimentaires ni des besoins actuels d’une population plus sédentaire, vieillissante et vivant dans un monde plus contraint en ressources ; une inadéquation de nos pratiques avec le changement climatique à venir qui va rebattre les cartes des productions agricoles. On observe aussi une grande disparité d’accès aux circuits alimentaires de qualité, des « désert alimentaire de proximité », une rupture culturelle ou géographique entre les espaces urbains “défavorisés” et les espaces agricoles.
A partir de cette approche géo-socio-politique, le projet Selfood / Sugar killer part de l’idée que l’alimentation durable est liée à la conscience de la valeur des aliments. Pour mieux comprendre comment s’élaborent nos paysages alimentaires et ce qui les constitue, Thierry Boutonnier et Julie Legall ont imaginé un protocole pour mieux rendre visible la cartographie de nos paysages alimentaires en vue de contribuer à les transformer.
À partir de la constitution d’un catalogue de centaines de selfood, des autoportraits de leur consommation quotidienne réalisés par des collégiens (développé par le programme MARGUERITE, un projet de recherche action qui vise à sensibiliser de façon critique les adolescents aux problématiques de l’agriculture et de l’alimentation durables piloté par Julie Legall), Thierry Boutonnier élabore la représentation de nos cartographies mentales des lieux alimentaires, et le récit de la valeur nutritionnelle, symbolique et économique que nous attribuons aux aliments, comparées à leurs valeurs réelles. Il s’intéresse également à l’étude de la valeur foncière des terrains des maraîchers, comparée à la valeur de ce qu’ils produisent en lien avec les recherche d’Adrien Baysse-Lainé.
Entre portrait de soi et représentation mentale du faisceau de relation qui nous unit à l’environnement, le projet veut rendre visible la continuité physique qui lie nos corps et nos environnements à travers le flux des aliments, en réécrivant une certaine histoire de l’art du portrait et du paysage.
L’objectif est d’aboutir à une restitution finale du projet dans une exposition dédiée à l’alimentation. La mise en scène de ce réseau d’interactions complexes donnera lieu à un ensemble de réalisations plastiques portant sur les valeurs de l’alimentation (photos, cartographies, vidéos et performance dans l’espace public) ainsi que l’invention d’un protocole de plantation « qu’est ce que vous voudriez semer aujourd’hui » et d’objets transactionnels susceptibles de faire évoluer ces représentations.
Expérience : Arrosage de graine au Soda VS Arrosage arrosage de graine à l’eau
L’équipe du projet
Thierry Boutonnier est né en 1980. Il vit et travaille à Lyon. Il développe un travail autour de la notion de domestication. Artiste actif et réactif, Thierry Boutonnier déploie un large panel de comportements individuels en réaction au système dit moderne. Il envisage l’acte artistique avec les mêmes exigences d’information, de savoir-faire, d’identification d’objectifs, de recherche opérationnelle, d’impératifs décisionnels et de concentration de moyens que n’importe quelle activité de project management. Se revendiquant non-spécialiste, polyvalent et pluridisciplinaire, il utilise tous les moyens à sa disposition : performance, vidéos, sculptures, images et photographies, schémas, publications… Il développe notamment un travail autour de la représentation artistique de l’entomophagie, partant du constat qu’en France et dans ces états soit-disant développés, nous pratiquons une agro-industrie catastrophique pour l’emploi, l’hygiène et l’environnement. Il expérimente ainsi l’entomophagie en la plaçant au cœur des cuisines collectives dans les lieux de la transmission des savoirs(-faire) : les collèges, les lycées, les universités…
Site internet : www.domestication.eu
Adrien Baysse-Lainé est doctorant contractuel et chargé d’enseignement en géographie, à l’Université Lumière Lyon 2 et à l’INRA de Montpellier. Sous la direction de Claire Delfosse et de Coline Perrin, il prépare une thèse portant sur la construction de l’assise foncière d’une agriculture nourricière de proximité, en France. Il étudie notamment en détail des démarches fondées sur des alternatives à la propriété privée individuelle – portées par des acteurs publics (intercommunalités) et de la société civile (mouvement Terre de Liens) – qui promeuvent la relocalisation alimentaire. Ses recherches sont conduites dans trois territoires, dans une démarche comparatiste : le Sud-Aveyron, l’Amiénois et le Lyonnais ; pour ce dernier, il est associé au programme de recherche-action PSDR 4 « Frugal » (Formes urbaines et gouvernance alimentaire).
Olivier Hamant est un chercheur en biologie végétale dont l’objectif principal est de comprendre comment les plantes utilisent les forces générées pendant la croissance, parallèlement à d’autres signaux biochimiques (comme les hormones), pour canaliser leur propre développement et leurs formes. Pour ce faire, il utilise une approche interdisciplinaire qui combine la biologie cellulaire, la physique et la modélisation. Ce projet est actuellement financé par le Conseil Européen de la Recherche, dans le but d’identifier le rôle des signaux mécaniques dans la définition des formes végétales. Il a obtenu son doctorat à Versailles (France) en biologie cellulaire végétale et a réalisé des séjours postdoctoraux à Gand (Belgique) et à Berkeley (USA). Olivier collabore également avec l’Institut Michel Serres sur le thème central de l’Anthropocène.
Julie Le Gall est maître de conférence en géographie à l’ENS de Lyon et membre d’Environnement, Ville, Société. Sa thèse portait sur la conservation d’espaces de proximité pour nourrir les métropoles à travers l’étude de Buenos Aires. Julie Le Gal centre ses recherches sur les recompositions spatiales et le développement, y intégrant les questions de l’agriculture périurbaine, paysanne, les relations entre ville et campagne, les migrations limitrophes, les enjeux du développement local, ou encore les pressions – tels les changements climatiques – s’exerçant sur les ressources agricoles.
Le projet MARGUERITE est un projet en Enseignement-Recherche qui vise à faire le lien entre l’agriculture et l’alimentation. Il est porté par l’équipe ACCES de l’Institut Français de l’Education (Ifé), l’Ecole Normale Supérieure de Lyon (ENS de Lyon) grâce à l’Unité Mixte de Recherche (UMR) Environnement Ville et Société (EVS).
Plus d’information sur : grainesdexplorateurs.ens-lyon.fr
Les partenaires
Le Laboratoire de la culture durable est soutenu par le ministère de la Transition écologique et solidaire, dans le cadre du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique, le ministère de la Culture, le programme Europe Créative de l’Union Européenne, le réseau Imagine2020 et la Fondation Carasso et la FNAGP. Il implique également de nombreux partenaires culturels et instituts de recherche : le LADYSS, l’ENS Paris, l’ENS Lyon et l’INRA.
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