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Publié le 17 mars 2013
Coal et le Domaine de Chamarande invitent Angelika Markul, artiste franco-polonaise, à investir l’orangerie avec une création spécifique pour le lieu. L’artiste se confronte ainsi à l’architecture monumentale de cet écrin, dessiné par Pierre Contant d’Ivry au XVIIIe siècle, avec une œuvre d’art totale, qui revisite les questions formelles liées aux trophées et aux monuments. Elle réemploie ici ses matériaux de prédilection que sont le plastique, le feutre, la cire, les néons, dans une mise en espace maîtrisée et brillante.
Après une enfance passée en Pologne, Angelika Markul a suivi l’enseignement de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris auprès de Christian Bernard (directeur du Musée d’art contemporain de Genève) et de Christian Boltansky, artiste français qui travaille notamment sur la question de la mémoire. La jeune artiste développe, elle, de majestueuses créations employant tour à tour le mode de l’installation, de la sculpture et de la vidéo voire les trois media dans une même proposition artistique. Ses expositions immergent le spectateur dans un univers sombre et empreint d’étrangeté, qui le renvoie à ses sens et à ses perceptions. Son engagement dans la création a été récemment récompensé par l’attribution du prix SAM pour l’art contemporain 2012, bourse qui lui permettra de réaliser le projet Bambi à Tchernobyl, un travail ambivalent sur la mémoire collective et sur sa propre mémoire.
Avec cette Installation Monumentale, Angelika Markul dresse un état des lieux du travail qu’elle a réalisé depuis plusieurs années. Elle érige une œuvre à l’échelle de l’orangerie, qui revisite les codes du monument édifié « à la gloire de » et fait écho aux « trophées » qui récompensent les accomplissements et les victoires. C’est dans un savoureux jeu de recherches plastiques que les pièces, présentées au mur, évoquent des formes inspirées de symboles religieux comme la croix ou le totem ; tandis que le hiératisme et la frontalité de la sculpture, placée face à l’entrée, questionnent directement les codes et la portée de l’art monumental. Ce balancement entre la mémoire collective – celle de la symbolique des monuments et des trophées – et la mémoire individuelle – celle de la trace d’une réussite personnelle – est récurrent dans l’œuvre de l’artiste. Il ne s’agit pas là des trophées arrachés en temps de guerre mais de ceux, plus menus et plus personnels, qu’on amasse au fil des combats quotidiens.
Cette Installation Monumentale s’inscrit dans la lignée formelle des récentes expositions de l’artiste – à la galerie Suzanne Tarasiève à Paris ou à la Galerie Arsenal Centre d’art contemporain à Bialystok. Angelika Markul exprime un ressenti et une histoire personnelle avec un vocabulaire formel qui lui est propre et se traduit par l’emploi de matériaux simples tels la cire, le plastique, le feutre et la lumière, notamment celle des néons qui sculpte l’espace. Elle sublime ces matériaux par une mise en scène très subtile, ponctuée d’effets spectaculaires, qui cultive le mystère, et bouleverse les sens et l’imagination. Elle immerge ainsi le spectateur dans un « ventre originel et archaïque », celui de la naissance de la vie mais également celui du gouffre de la fin du monde. Jeanne Truong écrit à ce sujet dans un texte intitulé Le ventre de l’artiste : « le travail d’Angelika Markul est traversé par l’imaginaire primitif du ventre archaïque et originaire. Que ce soit la caverne ou la grotte du pensionnaire ou la chambre rouge, l’intrigue de ses nombreux films [et installations] prend place dans un décor qui figure l’idée d’une cavité atmosphérique. On se retrouve à l’intérieur d’un lieu protégé, maintenu dans le secret et la sécurité d’une cachette, intemporel et énigmatique qui nous transporte dans un état de latence, proche de celui de l’enfant dans le ventre maternel. »
Entre modernité et archaïsme, mémoire collective et souvenirs individuels, les œuvres d’Angelika Markul explorent la poésie des formes et leur pouvoir d’évocation. « L’ultime matière que l’artiste sculpte à travers cette œuvre sont les émotions du spectateur » remarque d’ailleurs Anne-Laure Stolz au sujet d’une œuvre produite en 2005, SKOLA nr.17. La formule s’applique en fait à l’ensemble des travaux d’Angelika Markul et notamment à Installation Monumentale.
Née en 1977 en Pologne, Angelika Markul vit et travaille en France et en Pologne. Elle est représentée par la galerie Suzanne Tarasieve (Paris, France), la galerie Leto (Varsovie, Pologne) et la galerie Kewenig (Cologne, Allemagne). Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris – dans l’atelier de Christian Boltanski, elle est aujourd’hui une artiste reconnue sur la scène internationale. Elle est la lauréate du Prix SAM pour l’art contemporain 2012 avec son projet Bambi à Tchernobyl qui sera exposé en décembre 2013 au Palais de Tokyo. Le Musée Sztuki à Lodz (Pologne) lui consacrera également en 2013 une importante exposition personnelle. Le travail d’Angelika Markul a été exposé à la Labyrinth Gallery à Lublin (2012), à l’Arsenal Gallery à Białystok (2012), à l’Espace culturel Louis Vuitton aux Champs-Élysées (2011), au Mac/Val (2010), au Théâtre National de Chaillot (2009), au Centre d’Art Contemporain CSW Znaki Czasu à Toruń, Pologne (2009), à La Force de l’Art au Grand Palais (2006), à la Fondation Cartier (2005) et au Musée d’Art Moderne et Contemporain de la Ville de Paris (2005).
Commissaire associé Coal
Angelika Markul
Du 17 mars au 12 mai 2013
Mercredi, jeudi et vendredi, 14h-17h / samedi, dimanche et jours fériés, 12h-17h
À l’orangerie du Domaine
Photographies : © Henri Perrot
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