Deniz Villaları – Ecological Crossings

Deniz Villaları – Ecological Crossings de l’Institut français de Turquie et le Goethe-Institut Türkei est un programme de résidences artistiques méditerranéennes qui invite des artistes à explorer, par la création, les enjeux écologiques propres à la région méditerranéenne, tout en favorisant la circulation et les échanges entre la Turquie et le bassin méditerranéen.

Découvrez les lauréats des résidences artistiques Deniz Villaları – Ecological Crossings :

• Le Studio MAHAL (Çanakkale) accueillera l’artiste Johannes Vogl

Johannes Vogl (né en 1981) est un artiste conceptuel allemand qui vit et travaille à Berlin. Il est reconnu pour ses installations poétiques de grande envergure, mêlant sculpture, phénomènes naturels et recherche scientifique. Formé dans plusieurs académies d’art prestigieuses en Europe, il a exposé à l’international, notamment aux biennales du Caire et de Sinop, au musée Lentos de Linz et à Manifesta 7. Sa pratique interroge les mystères du quotidien, la perception et la mémoire sensorielle.

Summer Rain – The Smell of Memories est un projet artistique porté par Johannes Vogl, qui vise à recréer l’odeur fugace de la pluie d’été — le fameux « petrichor » — à travers une installation immersive. Inspiré par des souvenirs d’enfance et une curiosité scientifique, le projet repose sur la collecte de sols et de matières végétales dans la région égéenne, l’extraction de l’odeur avec l’aide de parfumeurs ou de laboratoires, et la création d’un dispositif sensoriel sculptural, The Evaporator, qui diffuse cette senteur grâce à des gouttelettes, de la chaleur et de la lumière.

L’œuvre finale prendra la forme d’une installation olfactive évoquant la première goutte de pluie estivale, mêlant mémoire, écologie et perception, tout en impliquant les communautés locales dans le processus de collecte et d’expérimentation sensorielle.

• Le Maquis Projects (Izmir) accueillera l’artiste Carmen Bouyer

Carmen Bouyer est une artiste écoféministe et commissaire française dont la pratique interdisciplinaire mêle art écologique, récit poétique et engagement communautaire. Forte d’expériences menées dans l’estuaire de l’Hudson (New York), sur la Seine (Paris) et à Izmir (Turquie), elle crée des passerelles entre rituel artistique et restauration environnementale, à travers des installations in situ, des marches, des repas partagés et des actions participatives. Elle prépare actuellement une grande exposition sur le delta du Rhône prévue en 2026 en France.

From Delta to Delta est un projet artistique porté par Carmen Bouyer, qui vise à tisser un lien écologique et symbolique entre deux deltas méditerranéens : celui du Gediz en Turquie et celui du Rhône en France. À travers un travail de terrain immersif et collaboratif, l’artiste souhaite créer des œuvres qui nourrissent des relations poétiques et régénératrices avec ces écosystèmes fragiles. Le projet explore le rôle des zones humides dans la résilience climatique, la biodiversité et les mythologies culturelles.

Ancré dans une approche éco-sensible, le projet mêle créations in situ à partir de matériaux locaux, rituels collectifs, récits partagés et collaborations avec scientifiques, ONG (telles que Doğa Derneği) et institutions méditerranéennes. Il aboutira à des installations et événements participatifs en Turquie et en France en 2026, dans une démarche de régénération écologique et d’échange culturel autour des deltas.

• La K2 Breathing Zone (Urla) accueillera l’artiste Annika Boll

Annika Boll est une artiste numérique allemande basée entre la France et la Belgique. Formée aux Beaux-Arts (Villa Arson, Nice) et en anthropologie culturelle, elle crée des œuvres interactives et des simulations qui explorent les intrications entre systèmes écologiques et technologies numériques. Sa pratique, qu’elle qualifie de « jardinage numérique », mêle scan 3D, design de jeu et installation pour réanimer des éléments naturels au sein d’environnements virtuels.

Underwater Digital Gardening est un projet de recherche en mer porté par Annika Boll, mêlant exploration sous-marine, modélisation 3D et narration interactive. En plongeant au large des côtes turques, l’artiste collectera des scans de formes marines — organismes, déchets, textures — pour composer un paysage numérique poétique. Le projet aboutira à un jeu vidéo contemplatif ou une scène interactive, invitant les joueurs à explorer un monde subaquatique peuplé de fragments de vie marine et de déchets.

Croisant données écologiques réelles, récits locaux et design sensoriel, ce projet vise à questionner les relations entre humains et milieux marins, avec une touche d’humour et de jeu. Il s’inscrit dans une démarche transdisciplinaire mêlant art numérique, écologie marine, et participation locale à travers des collaborations avec des scientifiques, plongeurs et communautés d’Urla ou de Çanakkale.

• La Camargo Foundation (Cassis) accueillera l’artiste Sibel Horada

Sibel Horada (née en 1980) est une artiste multidisciplinaire basée à Istanbul. Son travail explore les thématiques de la mémoire, de l’effacement, de la fragilité écologique et du récit matériel à travers la sculpture, la vidéo et l’installation. Elle s’appuie sur des processus de recherche poétique ancrés dans la géographie, les récits oraux et les cultures matérielles, en utilisant souvent des objets trouvés ou récupérés dans l’environnement naturel, notamment en milieu côtier.

Mostly Air: A Drifting Story of Foamed Plastics est un projet entre vidéo-essai et installation sonore qui donne une voix aux plastiques expansés abandonnés (polystyrène, polyuréthane, PVC…) récupérés sur les plages d’Istanbul. Considérés comme des « corps migrants » façonnés par les vents, les vagues et l’abandon humain, ces objets deviennent les vecteurs d’une mémoire matérielle aux résonances écologiques et socio-politiques.

Le projet de Sibel Horada combine nettoyage de plages, recherches d’archives, interviews de biologistes marins, militants, ouvriers ou réfugiés, ainsi que des prises de vue par drone et sous-marins. Le récit, construit avec la complicité du compositeur Avi Amon, prend la forme d’une installation immersive mêlant musique minimale et voix superposées. À travers cette approche sensible, l’artiste interroge les trajectoires croisées des déchets plastiques et des migrations humaines, dans une méditation sur les frontières, les écosystèmes et la mer Méditerranée comme espace partagé.

• La Friche la Belle de Mai (Marseille) accueillera l’artiste Ayşesu Duran

Aycesu Duran est une architecte et artiste visuelle turque, basée entre Istanbul et New York. Sa pratique se situe à la croisée de l’architecture, des processus liés au territoire et du récit écologique. À travers des installations, des dessins et des interventions paysagères, elle explore la manière dont les paysages portent en eux mémoire, résistance et transformation. Elle est également connue pour avoir fondé KHORA, une plateforme collective dédiée aux projets écologiques transdisciplinaires.

Salt and Silence est un projet de recherche artistique mené par Ayşesu Duran, qui explore les marais salants méditerranéens. À travers des enquêtes de terrain sur la côte égéenne, notamment dans des salines abandonnées ou menacées, Ayşesu Duran envisage ces territoires comme des archives sensibles du changement environnemental et des métaphores de l’extraction, de l’érosion et du renouveau.

Mêlant dessin, enregistrement sonore et sel, le projet donnera lieu à une installation immersive qui évoque la lenteur du temps géologique et hydrologique. En collaboration avec des biologistes marins, des ouvriers du sel et des historiens, Ayşesu Duran cherche à revaloriser ces écosystèmes fragiles et à les reconsidérer comme lieux de soin et de réflexion artistique.

• Le Fanak Fund – Naurus Programme (Marseille) accueillera l’artiste Nermin Sena Özger

Nermin Sena Özger est une designer industrielle, photographe sous-marine et artiste marine turque. Ancrée dans le patrimoine maritime de Foça, elle associe design, écologie et plongée dans des projets visuels immersifs. Son travail comprend la création de récifs artificiels à partir de coquilles de moules recyclées (soutenu par le TÜBİTAK et le GCIP), des ateliers éducatifs sur la préservation marine, ainsi que des installations vidéo en milieu subaquatique. Elle crée des passerelles entre science marine et récits culturels à travers une pratique de design écologique et d’images sous-marines.

From Phokaia to Massalia: A Subaquatic Journey est un projet de narration visuelle sous-marine mené par  Nermin Sena Özger, qui retrace la route antique reliant Foça (Phocée) à Marseille (Massalia), sur les traces des navigateurs phocéens. À travers la photographie, la vidéo et des installations bio-conçues immergées, l’artiste crée un dialogue poétique entre ces deux villes côtières, en ravivant la mémoire maritime sur les plans symbolique et écologique.

Le projet repose sur des plongées pour documenter les fonds marins, la création de socles et sculptures subaquatiques à base de coquilles de moules, et la collaboration avec biologistes marins et experts du patrimoine des deux rives. Des ateliers et projections viendront enrichir la dimension participative. En mêlant récits d’espèces marines, routes anciennes et rituels méditerranéens, le projet vise à éveiller une empathie écologique et à promouvoir une relation renouvelée avec les océans, entre mémoire antique et avenir commun.

• La Cité Internationale des Arts – TRAME (Paris) accueillera l’artiste Aşkın Ercan

Aşkın Ercan (née en 1983 à Diyarbakır) est une artiste visuelle turque basée à Eskişehir. Son travail explore les liens entre mémoire urbaine, dégradation écologique et politiques du quotidien. Elle utilise la vidéo, l’installation, la photographie, le son et des formats participatifs pour interroger le rôle de l’eau en tant que témoin à la fois culturel et écologique. Ses œuvres récentes ravivent des recettes oubliées, des rituels liés à l’eau et des récits hydroféministes, faisant de l’eau un vecteur de mémoire, de résistance et de guérison.

The Invisibility of Healing & What Water Tells est un projet éclectique mené par Aşkın Ercan, qui explore l’eau comme vecteur historique et spirituel de résilience dans des régions marquées par des violences environnementales. À travers des installations vidéos, des animations sous-marines, des jeux participatifs et des fragments d’archives, l’artiste compose des écosystèmes poétiques porteurs de mémoire collective et de justice écologique.

Le projet s’appuie sur une recherche participative avec les communautés locales et développe des formats immersifs où se croisent écologie féministe, droits liés à l’eau et mémoire aquatique. Parmi les dispositifs présentés figurent The Water Direction Game, des installations-recueils, ainsi que la série Words Submerged in Water Before Drying. Cette résidence permettra d’ancrer ces recherches dans le contexte méditerranéen, en renforçant les échanges locaux et les modes de diffusion internationale.

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LE PROGRAMME :

Le programme offre un cadre original d’exploration artistique entre séjours terrestres et, selon les projets, maritimes. Les artistes sélectionné·es bénéficieront de conditions favorables à la recherche et à la production, de temps de rencontres avec des acteur·ices culturels locaux et d’opportunités de restitutions publiques (expositions, performances, discussions…).

La résidence se déroule en plusieurs étapes :

• Des webinaires préparatoires pour contextualiser les enjeux écologiques et géopolitiques de la Méditerranée.
• Un temps de résidence de deux mois, entre septembre et décembre 2025, dans un lieu partenaire situé en Turquie ou ailleurs en Méditerranée.
• Une restitution publique l’année suivante.

Parmi les structures d’accueil possibles :

• K2 Urla Breathing Zone (Urla) : une oasis artistique au cœur de la nature, à Izmir.
• Maquis Projects (Izmir) : un projet inspiré par les écosystèmes méditerranéens.
• Studio MAHAL (Çanakkale) : un centre d’art indépendant au riche passé multiculturel.
• La Cité Internationale des Arts (Paris), la Friche la Belle de Mai (Marseille), ou encore la Camargo Foundation (Cassis). 

Ce que la résidence comprend

• Le remboursement des frais de transport aller-retour.
• L’hébergement sur le lieu de résidence.
• Une bourse de production de 2 000 €.
• Une allocation de séjour de 2 000 €.
• Un accès à un espace de travail équipé.
• Un accompagnement artistique et logistique sur place.
• Une immersion possible en mer, selon les projets.

Les disciplines éligibles incluent les arts visuels, la musique, la danse, les arts de l’espace public, l’audiovisuel, les médias, le journalisme, la littérature, la critique d’art et le commissariat d’exposition.

Comment candidater ? [L’APPEL À PROJETS EST CLOTURÉ] 

Les candidatures doivent être envoyées par email à denizvillalari@ifturquie.org avant le 31 mai 2025, sous la forme d’un fichier PDF unique (max. 10 Mo) incluant :

• Un CV (max. 4 pages)
• Un portfolio artistique (max. 15 pages) avec légendes complètes, et liens vers vidéos ou enregistrements si besoin
• Une note d’intention (2 à 4 pages) précisant la démarche, le thème de recherche, les attentes et les lieux de résidence souhaités (jusqu’à deux choix possibles).

Un jury international

Les candidatures seront évaluées par un comité composé de professionnel·les de l’art et de représentant·es des lieux d’accueil, sur la base :

• de la qualité artistique du projet,
• de sa pertinence au regard des enjeux de la résidence,
• de la capacité du·de la candidat·e à s’adapter à un nouveau contexte et à s’inscrire dans une dynamique locale.

Pour toute question : denizvillalari@ifturquie.org

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