PRIX COAL 2022 : LES ARTISTES NOMMÉ·ES

PRIX COAL 2022 : LES ARTISTES NOMMÉ·ES

Dix projets d’artistes français et internationaux sont nommés pour le Prix COAL 2022 sur les Océans. Trois projets d’étudiants issus des Écoles françaises du champ artistique et culturel sont nommés pour la troisième édition du Prix étudiant COAL – Culture & Diversité en partenariat avec les Réserves Naturelles de France. 

Crédit image : © Capucine Vever, Dunking Island, 2022.

En 2022, le Prix COAL se consacre aux océans. Cet horizon géographique, onirique et politique, patrimoine culturel autant que naturel et terreau pour l’imagination est à la base des phénomènes mondiaux qui rendent notre planète habitable. Il est aussi le berceau de la vie économique et marchande. La transformation des océans face aux changements climatiques constitue un véritable défi tant pour le passage à l’action que pour la prise de conscience de processus parfois insaisissables.

Les dix projets d’artistes nommés pour le Prix COAL 2022 révèlent les richesses océaniques au plus grand nombre et imaginent de nouvelles actions concrètes pour raviver la résilience avec les mondes de l’eau.

LES DIX ARTISTES NOMMÉS POUR LE PRIX COAL 2022 SONT :

  • Brandon Ballengée, (État-Unis), Searching for the Ghosts of the Gulf
  • Benessere, (collectif international), Benessere del Bacino Scolante nella Laguna di Venezia
  • Julien Berthier, (France), Accrétion Minérale / Sculptures
  • Antoine Bertin, (France), Voice of Tiny Gods
  • Marina Gioti, (Grèce), Sounding the Silent World
  • Hélène Gugenheim, (France), La veillée, et autres rituels océaniques
  • Pam Longobardi, (État-Unis), Ocean Gleaning: Giving Agency to Ocean through Plastic interpretation
  • Kasia Molga, (Royaume-Uni/Pologne), How to make an Ocean
  • Capucine Vever, (France), Dunking Island
  • Michael Wang, (État-Unis), Microbial Seas

 

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Voir les trois artistes nommés pour le Prix étudiant COAL – Culture & Diversité 2022

PRESENTATION DES DIX PROJETS ARTISTIQUES NOMMÉS POUR LE PRIX COAL 2022 SUR LES OCÉANS :

Au commencement était l’eau, d’où émergèrent les premiers organismes vivants il y a plusieurs milliards d’années. Et pendant les neuf dixièmes de son histoire, la vie n’a pas quitté l’eau. Parmi ces êtres aquatiques, beaucoup demeurent aujourd’hui invisibles à l’œil nu, comme le phytoplancton, ces micro-algues capables, par la photosynthèse, de produire la majorité de l’oxygène que nous respirons. Ces micro-organismes ont aussi une voix qu’Antoine Bertin cherche à explorer par son projet d’installation sonore Voices of Tiny Gods qui invite les auditeurs à s’immerger dans une chapelle multisensorielle dédiée au phytoplancton. Un sanctuaire océanique pour un rituel scientifique et artistique à l’écoute des êtres imperceptibles de l’eau.

Ce sont pourtant les organismes invisibles de l’eau qui lui donnent sa couleur, avec des motifs bleu-vert visibles depuis l’espace. Indécelables à l’unité, les masses de cyanobactéries en suspension dans l’océan colorent leur environnement liquide. Narrer l’histoire de 3,5 milliards d’années de mers microbiennes à travers la plus petite particule océanique, la cyanobactérie, c’est le projet de l’artiste chercheur américain Michael Wang. Microbial Seas se sert de ce potentiel pour créer des étendues de couleurs évolutives sur lesquelles sont projetées des images témoignant du passé de la vie microbiotique. L’artiste contribue ainsi à donner une nouvelle visibilité, dans l’espace et dans le temps, à ces micro-organismes, à l’origine de la vie et de l’oxygène dont nous dépendons.

Et pourtant, malgré notre lien vital à l’océan, les activités humaines extractivistes, productivistes, commerciales et touristiques qui agitent les eaux contribuent à l’écocide océanique. Le plus visible et sans doute le plus connu des fléaux qui pèsent sur lui est la pollution plastique qui déverse chaque année dans l’océan 8 millions de tonnes de déchets plastique, que l’on retrouve ensuite le long des plages. Pam Longobardi se nourrit des récits qui accompagnent chacun de ces déchets pour générer des œuvres photographiques largement diffusées. Elle propose pour cela de mobiliser les communautés de trois zones côtières – l’île de Torcello à Venise, Biarritz dans le sud-ouest de la France, et l’île de Céphalonie en Grèce – à travers des actions de nettoyage. Ocean Gleaning sublime la dépollution et transforme les nettoyeurs en gardiens des écosystèmes océaniques et côtiers.

Sillonné de toutes parts, l’océan est aussi la pierre angulaire d’un libre-échange sauvage. Dans les tréfonds marins se désagrègent lentement les carcasses métalliques de navires naufragés, participant silencieusement à la pollution de la mer. Le projet de film Sounding the Silent World met en sons et images ces épaves dans la ville industrielle d’Éleusis, à l’Ouest d’Athènes. Par une approche lyrique et allégorique, Marina Gioti sonde ces ruines submergées comme un paysage culturel qui reflète nos pratiques sociétales et questionne ce qui, aujourd’hui en plein écocide, fait état du patrimoine. À partir de sons et de photographies issues de scans sonar, l’artiste crée une œuvre-archive où se mêlent données scientifiques, historiques et littéraires.

Poursuivant l’état des lieux de ce libre-échange effréné, l’artiste-biologiste et activiste pionnier Brandon Ballengée rend état de l’impact et du choc pour la biodiversité qui a suivi l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique en 2010, formant la plus grande marée noire jamais connue. Suivant le triptyque « dépeindre, activer, exposer », Searching for the Ghosts of the Gulf est un projet interdisciplinaire cherchant à mobiliser les communautés côtières, à convoquer l’absent et à donner une forme visuelle à l’érosion du vivant qu’abrite le golfe du Mexique, à l’heure où les terres côtières de la Louisiane sont celles qui menacent de disparaitre le plus rapidement sur Terre.

Conséquence du réchauffement climatique qui fait fondre les glaces et dilate l’eau de la mer, la montée du niveau des océans s’accélère d’année en année, faisant reculer le trait de côte et disparaître certaines îles. C’est le cas de l’Île de Gorée dans la baie de Dakar, au Sénégal. Peu à peu dévorée par la montée des eaux, l’île coule et avec elle, sa mémoire de la traite négrière. Au cœur d’une recherche à la fois biologique et historique, Capucine Vever transmet, par une œuvre vidéo immersive, la parole de l’île à travers ses habitants. Dans une descente progressive de la surface au fond marin, du temps humain à l’échelle marine et géologique, Dunking Island propose une lecture poétique des fonds océaniques tout en révélant leur dimension politique. Un film dans lequel l’océan devient le personnage principal.

Sentinelle de la crise écologique, Venise est au croisement de la montée des eaux et du tourisme de masse. Face à l’aggravation des inondations saisonnières de la lagune de Venise, le collectif international Benessere lance le projet éponyme Benessere del Bacino Scolante nella Laguna di Venezia, soucieux de démontrer comment les infrastructures vertes peuvent résoudre un énorme problème environnemental et contribuer à la résilience des écosystèmes. En amenant l’œuvre au service de la nature, l’art intervient comme médiateur entre l’environnement et les populations, et fait ruisseler des alternatives à l’écoute du vivant vénitien, de la mer Adriatique à la lagune en passant par les 150 canaux qui parcourent la ville.

Pour pallier la désertification des fonds marins provoqués par la pollution, la surexploitation et la surfréquentation, les récifs artificiels constituent une solution de réparation des écosystèmes perdus. En immergeant des formes en fer à béton, à la manière des récifs artificiels, Julien Berthier provoque une réaction chimique simple, l’accrétion minérale, attirant le calcaire qui vient s’agréger et qui offre un habitat à la faune et à la flore marine. Fabriquées par l’artiste qui y introduit des références à l’histoire de l’art moderne, les formes qui composent Accrétion minérale / Sculptures sont laissées à la mer et à ses habitants qui lui donneront sa forme finale.

Inondations, montée des eaux, pollution, érosion du vivant sont à l’origine d’un sentiment récemment conceptualisé sous le terme d’éco-anxiété pour désigner l’angoisse liée aux crises environnementales. Prenant le chemin de la résilience à la fois psychologique et écologique, Kasia Molga a décidé de transformer les larmes d’anxiété en un écosystème sain permettant d’héberger une vie marine. Avec des scientifiques, l’artiste crée des solutions aqueuses à base de ses propres larmes, de larmes synthétiques et d’eau de mer, et étudie les raisons de pleurer qu’elle associe ensuite à des algues. How to make an Ocean invite aussi tout un chacun à pleurer, non pas en vain mais pour obtenir des mini-océans de larmes et d’espoir.

Dans les larmes mais aussi dans le sang, on retrouve la similitude qui existe entre la teneur minérale de l’eau de mer et celle du corps humain, preuve physique de nos origines aquatiques. Pour Hélène Gugenheim, des indices comme nos yeux, le sel dans notre corps ou l’étanchéité de notre peau sont révélateurs de ce lien ancestral et biologique qui semble pourtant aujourd’hui oublié. Le projet La veillée et autres rituels océaniques souhaite ritualiser une culture populaire qui créerait des moments de communion inter-espèce avec le monde de l’eau. En liant nos corps à travers des gestes, des rythmes et des sons, l’artiste veut créer un dialogue entre le terrestre et le marin capable de raviver notre savoir viscéral d’ « êtres de l’océan ».

JURY 2022

  • Bruno David, Président du Muséum national d’Histoire naturelle
  • Mark Dion, Artiste
  • Catherine Dobler, Fondatrice de la Fondation LAccolade
  • Marc Feldman, Administrateur Général de l’Orchestre National de Bretagne
  • Christine Germain-Donnat, Directrice du Musée de la Chasse et de la Nature
  • Hélène Guenin, Directrice du MAMAC, Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice
  • Elsa Guillaume, Artiste, lauréate du Prix COAL Océan 2015
  • Olivier Lerude, Haut fonctionnaire au Développement durable du ministère de la Culture
  • Léo Marin, Directeur de la Galerie Eric Mouchet et Curateur de The Possible Island
  • Anne-Marie Melster, Co-fondatrice et Directrice générale de ARTPORT_making waves
  • Romain Troublé, Directeur général de la Fondation Tara Océan

 

DOTATION

Le lauréat du Prix COAL bénéficie d’une dotation de 10 000 euros allouée par la Fondation François Sommer et COAL, répartie en une dotation et une aide à la production dans le cadre d’une résidence animée par le Musée de la Chasse et de la Nature au Domaine de Belval, propriété de la Fondation François Sommer.

LES PARTENAIRES DU PRIX COAL 2022

Le Prix COAL bénéficie du soutien de l’Union Européenne via le programme de coopération européenne ACT – Art Climate Transition, du ministère de la Culture, de l’Office français de la Biodiversité, de la Fondation François Sommer, du Musée de la Chasse et de la Nature, de la Fondation LAccolade. Cette édition bénéficie également d’un partenariat avec l’Orchestre National de Bretagne et la Surfrider Foundation Europe.

La Fondation François Sommer, reconnue d’utilité publique dès sa création le 30 novembre 1966, a été voulue par François et Jacqueline Sommer, pionniers de la mise en oeuvre d’une écologie humaniste. Fidèle aux engagements de ses fondateurs, elle oeuvre pour la protection d’une biodiversité où l’homme trouve sa juste place, pour l’utilisation respectueuse des ressources de la nature et le partage des richesses du patrimoine naturel, artistique et culturel.

La Fondation LAccolade a pour but principal de soutenir, promouvoir et favoriser la création artistique. Elle porte une attention toute particulière à des créations, démarches, projets, et actions qui sont portés par des artistes en lien avec les thèmes que sont l’eau, l’environnement, la fragilité du vivant et le féminin. Elle a également pour but de valoriser et promouvoir le Matrimoine, c’est-à-dire le legs des femmes ayant eu une importance historique ou artistique.

L’Office français de la Biodiversité est chargé de la protection et la restauration de la biodiversité dans l’Hexagone et en Outre-mer. Il agit pour la préservation du vivant dans les milieux aquatiques, terrestres et marins grâce à l’expertise de ses 2800 agents dont 1700 inspecteurs de l’environnement. Cet établissement public travaille également en mobilisant un ensemble d’acteurs, de décideurs et de citoyens autour de la biodiversité : État, collectivités territoriales, associations, entreprises, scientifiques, agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, pratiquants des sports de nature, acteurs du monde de l’art et de la culture…

ART ET ÉCOLOGIE AU DIAPASON DE L’OCÉAN

Alors que les Nations Unies ont proclamé 2021-2030 la Décennie des sciences océaniques pour le développement durable, COAL a souhaité, avec ses partenaires, mobiliser l’ensemble des disciplines artistiques pour tisser un fil rouge dédié aux mers et aux océans tout au long de l’année 2022. Au programme : des rencontres et un accompagnement RSE en collaboration avec l’Orchestre National de Bretagne et son projet pluriannuel Ponant, Musique et Océan ; deux Prix d’art contemporain dédiés à la thématique des océans, le Prix COAL et le Prix Étudiant COAL – Culture & Diversité 2022 ; une exposition du collectif portugais BERRU autour des énergies de la mer dans le cadre de la Saison croisée France-Portugal 2022, en collaboration avec Culturgest et Vidéoformes.

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    COAL mobilise les artistes et les acteurs culturels sur les enjeux sociétaux et environnementaux et accompagne l'émergence d'une nouvelle culture de l'écologie à travers ses actions telles que le Prix COAL, le commissariat d'exposition, le conseil aux institutions et aux collectivités, la coopération européenne, et l'animation de conférences, d'ateliers et du premier site dédié Ressource0.com



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    COAL remet chaque année le Prix COAL Art et Environnement, depuis 2010, et le Prix étudiant COAL - Culture & Diversité, depuis 2020.



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    Des grands projets liés aux rendez-vous forts de l’écologie politique, en lien avec des environnements naturels ou urbains.



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    Direction artistique

    Une cinquantaine d'expositions partout en France, des actions culturelles, des oeuvres dans l’espace publique et des accompagnements de projets pour contribuer à l'émergence d'une nouvelle culture de l’écologie.



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    Programmes de coopération à l’échelle européenne et internationale, soutien des institutions dans leur transition écologique à travers de l’accompagnement sur mesure, la formation, rayonnement des enjeux arts et écologie via des publications et de nombreuses conférences et ateliers.