Blühen
Pour l’éclosion d’une écologie culturelle. Première édition le 5 octobre au Goethe Institut de Nancy.
Publié le 5 décembre 2019
Madrid, Espagne, le 4 décembre 2019 – Au cœur de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP25), l’Ambassadrice de France pour le Climat, Brigitte Collet a remis aujourd’hui le Prix artistique 2019 de la Coalition pour l’art et le développement durable (COAL) aux artistes Lena Dobrowolska et Teo Ormond-Skeaping pour leur projet You never know, one day you too may become a refugee. Cette année dans son édition spéciale, le Prix COAL 2019 s’est penché sur la question du climat, des catastrophes et des déplacements de population.
« Les changements climatiques ne sont malheureusement plus un concept lointain et théorique mais une terrible réalité. Il est à nos yeux essentiel que le monde de l’art puisse participer à notre effort de mobilisation et de sensibilisation et que les artistes puissent exprimer leur talent et les mettre au service de thématiques qui sont absolument cruciales pour l’avenir de notre planète. Au-delà des négociations qui sont souvent très techniques et désincarnées, les œuvres des artistes nous conduisent plus loin dans notre perception et dans notre réflexion et je tiens vraiment à les remercier pour cela, » a déclaré l’Ambassadrice dans son intervention sur le Pavillon France.
Depuis 2009, on estime que, chaque seconde, une personne est déplacée suite à une catastrophe soudaine. Les sécheresses, les inondations, les tremblements de terre et les tsunamis ont laissé de nombreuses victimes sans abri. En même temps, des changements plus lents tels que la désertification, la dégradation des sols et l’élévation du niveau de la mer forcent de plus en plus de gens à quitter leur foyer. De manière générale, les causes environnementales sont dorénavant intrinsèquement liées à l’ensemble des facteurs politiques, économiques et sociaux à l’origine des déplacements.
Relever l’énorme défi auquel nous sommes confrontés commence par le rendre visible. C’est pourquoi, la Plateforme sur les déplacements liés aux catastrophes (PDD), présidée par la France, le projet artistique Déplacements – Voyages incertains et la Coalition pour l’art et le développement durable (COAL) se sont réunis pour impliquer les artistes qui, à travers le monde, témoignent, imaginent, expérimentent et œuvrent pour un monde plus respectueux de l’équilibre écologique et de la justice climatique.
Par leurs créations, ils peuvent inciter les décideurs à saisir et à se saisir de la réalité des déplacements causés par les changements climatiques. Cette collaboration a permis d’ouvrir une plate-forme d’échange entre les artistes et les décideurs politiques lors de cette première semaine de la 25e Conférence des Nations Unies sur le climat (COP25) à Madrid.
La cérémonie en l’honneur des lauréats a donc été accompagné par plusieurs interventions autour des dix projets nominés pour le Prix COAL les 3, 4 et 5 décembre sur le Pavillon France.
« Le travail artistique joue un rôle important pour aborder la question des personnes déplacées par les effets des changements climatiques. L’art nous force à regarder le déplacement en tant qu’être humain, pas seulement en tant que négociateur de la COP25. C’est le pouvoir de l’art. Il parle au cœur, il provoque l’émotion, » a insisté Saleemul Huq, du International Centre for Climate Change & Development (ICCCAD) après la projection du film des lauréats du Prix COAL 2019.
Les partenaires clés de la PDD – l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ainsi que l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) – ont également activement participé aux discussions.
« Ces artistes nous interpellent de manière frappante. Ils nous rappellent qu’il ne s’agit pas uniquement de réunions, de discours, de documents. Il s’agit, avant tout, de familles, de jeunes, d’enfants et de personnes âgées dont la vie est bouleversée par des inondations, des cyclones, des sécheresses, la désertification ou l’élévation du niveau de la mer, » a dit Madeline Garlick du HCR durant l’événement.
Pour Dina Ionesco, de l’OIM, la conclusion est la même : « On peut facilement expliquer la migration environnementale par des termes légaux, techniques, statistiques, politiques. Mais l’art peut pousser la compréhension beaucoup plus loin ! ».
You never know, one day you too may become a refugee – projet lauréat de Lena Dobrowolska et Teo Ormond-Skeaping
« Qui sait, vous aussi pourriez devenir un réfugié », disait un haut fonctionnaire de l’Ouganda à propos de sa politique migratoire. Ce pays, qui est l’un des plus pauvres de la planète, a accueilli plus de 1,3 million de réfugiés au cours des deux dernières années. C’est l’un des nombreux exemples de la générosité affichée par les pays les plus menacés par les changements climatiques, qui deviennent aujourd’hui leaders dans l’élaboration, l’introduction et la négociation de politiques migratoires progressistes et de droits constitutionnels relatifs à ces problématiques. Ce fait contraste clairement avec les pratiques d’immigration de plus en plus restrictives des pays les plus riches. Mais le vent tourne, et ceux qui se sentaient jusqu’alors épargnés pourraient bien devenir à leur tour des réfugiés.
Dans le futur spéculatif imaginé par les artistes, les phénomènes météorologiques violents et l’élévation du niveau de la mer ont déplacé un nombre croissant de personnes dans le monde. Des itinéraires de migration bien établis sont inversés et de nombreux habitants du Nord viennent chercher refuge dans le Sud. Lena Dobrowolska et Teo Ormond-Skeaping imaginent un docu-fiction retraçant le parcours d’une famille blanche de classe moyenne contrainte à se déplacer sur le continent africain à la suite d’une catastrophe.
Cet univers fictionnel est pensé comme un outil de sensibilisation et d’échange sur les déplacements et les migrations. Lors de grandes conférences sur le climat, dans des écoles et des lieux culturels, les artistes mettent en œuvre un dispositif où la projection est accompagnée de rencontres, d’expositions de photos, de documents fictionnels et d’ateliers d’élaboration collective de scénarios de futurs possibles. Ils mettent ainsi en lumière notre vulnérabilité commune face aux changements climatiques et rappellent à quel point la générosité et l’inclusion sont essentielles à notre survie.
« Nous avons toujours voulu présenter notre travail aux décideurs politiques et aux négociateurs. Cela n’aurait jamais été possible sans une collaboration comme celle-ci. Nous savons que ce Prix entraine une responsabilité et représente beaucoup de travail et d’apprentissage. Nous sommes prêts et nous œuvrerons autant que possible pour amplifier ce dialogue et ces échanges » ont conclu les lauréats à la remise du Prix.
Les dix artistes nominés pour le Prix COAL 2019 sont :
Firoz Mahmud (Bangladesh), Soaked Dream Project
FLATFORM (Italie), That which is to come is just a promise
honey & bunny (Dr. Sonja Stummerer et Martin Hablesreiter – Autriche), eat | disaster | art
Jad El Khoury (Liban), Curtains of Hope
Justin Brice Guariglia (États-Unis), DISPLACEMENT AHEAD: 143 MILLION CLIMATE MIGRANTS AND COUNTING
Lena Dobrowolska et Teo Ormond-Skeaping (Pologne & Royaume-Uni), You never know, one day you too may become a refugee
Lucy Hayto (Royaume-Uni), All Things Will Change
Maria Lucia Cruz Correia (Portugal/Belgique), Voice of Nature Kinstitute
Mélanie Pavy (France), CITIZEN OMEGA
Mélanie Trugeon et Claire Malary (France), Le désert d’Ata
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